CAFÉ LITTERAIRE du 5 DECEMBRE 2024
Michel PEYRAMAURE : Suzanne Valadon : Les escaliers de Montmartre : dans les années 1870, au temps des Cerises, une gamine dessine sur le trottoir du boulevard Rochechouart. Un monsieur important remarque sa beauté et son talent. Il s’appelle Puvis de Chavannes et lui demande de poser pour lui. Dix ans plus tard, la jeune fille, qui a pris le nom de Suzanne Valadon, connaît déjà tous les peintres de la butte Montmartre, ce quartier encore champêtre où le génie semble courir les rues.Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec et même Erik Satie le musicien, entrent dans sa vie. Suzanne devient leur modèle, leur muse, leur maîtresse. En marge de cette vie d’art et d’amour, elle élève le petit Maurice, enfant d’une liaison passagère avec un catalan nommé Utrillo. Et aussi, et surtout : elle continue à peindre, magnifiquement…..Autour de cette jeune femme , dans la société la plus libre qui fût alors, l’auteur fait revivre toute une époque, le temps légendaire des impressionnistes, celui des « peintres du bonheur.
Joseph PONTHUS : A la ligne : Ouvrier intérimaire , Joseph embauche jour après jour dans les usines de poissons et les abattoirs bretons Le bruit, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps s’accumulent inéluctablement comme le travail à la ligne. Ce qui le sauve, ce sont l’amour et les souvenirs de son autre vie, baignée de culture et de littérature. Par la magie d’une écriture drôle, coléreuse, fraternelle, l’existence ouvrière devient alors une odyssée où Ulysse combat des carcasse de bœuf et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.
Le goût de l’Ecriture : ouvrage collectif : L’écriture est un joyau né il y a 6 000 ans dans deux contrées voisines : la Mésopotamie et l’Egypte, de manière simultanée mais différenciée. Elle débute avec les hiéroglyphes. Les premiers écrits comportent des retransmission de langue parlée mais ils abordent aussi de nombreux aspects de la civilisation. Puis l’écriture progresse, utilise de nouvelles règles. Voici l’alphabet, une révolution. Puis l’imprimerie. Enfin l’homme entreprend de raconter des histoires. Construire une langue vivante et libérée des formes orthodoxes, voilà qui lui importe. Il questionne : à quoi sert d’écrire, d’où vient l’envie d’écrire, d’oû nait le désir ? Autant de sujets ici abordés.
Gwenaëlle ABOLIVIER : Tu m’avais dit Ouessant : A l’hiver 2015 l’auteure part trois mois dans le sémaphore de l’île d’Ouessant. C’est pendant, et à la suite de ce séjour qu’elle écrit ce récit. Là , sous le grand phare du Créac’h, se racontent un voyage immobile et une expérience d’immersion au contact des éléments et des îliens. Elle explore les lieux et rencontre les habitants, les derniers marins de commerce, les guetteurs-sémaphorique et gardiens de phares, et les femmes, gardiennes des lieux, qui occupent une place prépondérante sur cette île du Ponant. On découvre cet espace à part, territoire de l’extrême entretenant un rapport particulier à la noirceur et à la mort. Face à la mer et sous les faisceaux du grand phare, l’auteure vit cette expérience comme une renaissance dans le passage et l’exil que représente l’écriture.
Marc FAUDOT : Les cimetières – Des lieux de vie et d’histoires inattendues : écrit sous la forme d’un dictionnaire il donne un autre regard sur la perception qu’on a des cimetières. Les cimetières sont faits pour les vivants. Ce sont des lieux de vie, de passage. Ce sont des havres de tranquillité, de beauté, avec sa faune et sa flore. Il en retrace l’histoire, l’évolution de la forme du cimetière. C’est aussi un lieu de travail – entretien, creusement des tombes….- Ils reflètent l’évolution des sociétés. Ce dictionnaire apporte des réponses à des questions qu’on peut se poser.
Raphaël CONFIANT : Bassin des Ouragans : avec ce court roman, l’auteur, l’un des plus imaginatifs des Caraïbes, nous entraîne dans le tourbillon de la littérature, celle qui permet toutes les audaces, toutes les rêveries et tous les mensonges. Son personnage, Abel, veut créer une Association Internationale pour l’euthanasie intellectuelle qui traquerait les penseurs de pacotille producteurs d’idées inutiles et de concepts oiseux. A travers ses aventures avec Anna Maria de la Huerta (origine de la Dominique, qui prétend être une descendante de Christophe Colomb, qui rencontre Abel le jour où elle se fait larguer par son amant) c’est la découverte de la langue créole, vive, imagée, poétique et qui se démarque de la langue de l’Académie Française. Il scrute la Martinique, sa Martinique où la cicatrice de l’esclavage est toujours douloureuse.
Boualem SANSAL : Abraham ou La Cinquième Alliance : « La parole de Dieu est une, elle tourne inlassablement dans l’univers d’un infini à l’autre, créant vie et mouvement. Mais l’homme, cette glaise imparfaite, entend mal, il faut tout lui répéter, encore et encore. C’est la mission des prophètes et leur liste ne sera jamais close. C’est ce que je comprenais de mes précepteurs ». En 1916, alors que le premier conflit mondial s’étend au Moyen Orient, Terah, un vieux patriarche chaldéen, ayant compris que son fils Abram est la réincarnation d’Abraham, le charge de conduire la tribu vers la Terre Promise, comme jadis son ancêtre de la Genèse. Au terme de ce long périple Abram parviendra-t-il à fonder la cinquième Alliance, susceptible de guider les hommes et d’apaiser leurs maux ? En ces temps de retour angoissé aux questionnements religieux , l’auteur est de ces écrivains qui accompagnent les élans spirituels et illustrent leurs dérives. En actualisant l’histoire ancienne de la Genèse dans le but d’éclairer nos temps obscurs, il nous offre une parabole sur la puissance et les faiblesses de la pensée religieuse.