Rencontres littéraires de Mars 2019
Michel MOUTOT : “Ciel d’Acier”
Chalumeau à la main, John Laliberté, “ironworker” comme ses ancêtres, sectionne l’acier à la recherche de survivants. Les Twin Towers viennent de s’effondrer. Depuis le premier rivet porté au rouge sur un brasero pour la construction du premier Gratte-Ciel, jusqu’à la construction de la Liberty Tower, six générations de Mohawks ont bâti l’Amérique, ses monuments prestigieux. La légende dit qu’ils n’ont pas le vertige. C’est l’histoire de ces gars qui ont bâti ces bâtiments, sur leurs conditions de travail édifiantes, travailleurs hors norme, qui dominaient le vertige à coup d’alcool, leurs traditions, leurs us et coutumes. D’une écriture simple, l’alternance des époques rend le récit plus vivant.
Frédéric LENOIR : “Le Miracle de Spinoza”
Une philosophie pour éclairer notre vie.
Au 17ème siècle, banni de la communauté juive, Baruch Spinoza va consacrer sa vie à la philosophie. Son objectif : découvrir un bien véritable qui “lui procurerait pour l’éternité la jouissance d’une joie suprême et incessante”. Pendant les vingt ans qui lui restent à vivre, il édifie une œuvre révolutionnaire : il est reconnu comme étant le précurseurs des Lumières et de nos démocraties modernes. Pionnier de la lecture historique et critique de la Bible, il est l’inventeur d’une philosophie fondée sur le désir et la joie, qui bouleverse notre conception de Dieu, de la Morale et du Bonheur.
Clélia RENUCCI : “Concours pour le Paradis”
En décembre 1577, à Venise, un incendie touche le Palais des Doges et la salle du Grand Conseil est ravagée. Il ne reste presque rien de l’immense fresque représentant le Paradis, à part quelques fragments. En 1578, un conseil présidé par le Doge Sebastiano Venier, décide de lancer un concours pour remplacer la fresque. Des problèmes vont surgir : motif de la toile, thème religieux ou laïc, choix des artistes.
Cinq artistes sont sélectionnés : Jacobo Tintoret, peintre officiel, Véronese (mais il est originaire de Vérone), Palma Le Jeune, Francesco Bassano et Federico Zuccaro. Après moult péripéties, la toile sera enfin installée en 1592, terminée par le fils du Tintoret, Dominico.
Le récit nous montre les conditions de vie des artistes, leurs contraintes, leurs caractères.
Joseph PONTUS : “À la Ligne – Feuilles d’usine”
C’est l’histoire d’un intellectuel qui déménage en Bretagne et se retrouve, pour gagner sa vie, ouvrier intérimaire embauché dans une conserverie de poissons puis dans un abattoir. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas. Il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Écriture tour à tour coléreuse, drôle et fraternelle. La vie ouvrière devient une Odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs, des filets de poissons, comme autant de Cyclopes.
Romain GARY : “Vie et Mort d’Émile Ajar”
Ouvrage publié, par la volonté de R. Gary, après sa mort. Romain Gary a écrit ce livre à un moment où il se pose des questions sur l’art, la littérature. Il explique et raconte ce qu’il a fait et pourquoi. Il fait le procès de la critique littéraire à qui il reproche de ne pas avoir vu que des scènes, des expressions étaient déjà présents dans ses autres romans.
Petit livre parfois drôle, enjoué.
Andreï KOURKOV : “Le Pingouin”
À Kiev, après la chute de l’Union Soviétique, Victor Zolotarev est un journaliste sans emploi. Il a adopté un pingouin Micha, mis en vente par le zoo de la ville, qui n’a plus les moyens d’entretenir ses animaux. Un grand quotidien lui propose d’écrire des “petites croix”, nécrologies de gens encore vivants et connus. Mais un beau jour, ces “petites croix” se mettent à mourir. Victor et son pingouin neurasthénique -noir et blanc comme la couleur du deuil- vont se trouver confronter à la mafia russe, riche et qui pavoise dans des voitures de luxes. On est dans un monde déboussolé, sans règles mais aussi dans une histoire profondément humaine, grâce à Victor.