Café littéraire Mai, Juin 2025

On en a parléOn en a parléOn en a parléOn en a parlé

Georges ORWELL : Une bonne tasse de thé  : Quoi de plus chaleureux que de savoir préparer et déguster une tasse de thé, en discutant entre deux livres ? C’est là tout un art – et tout un art de vivre et de penser auquel l’auteur désire nous initier. Dans ces pages étonnantes, comme dans « Défense de la cuisine anglaise et Mes Souvenirs de libraire ».  Avec une stupéfiante lucidité, à l’heure des dictatures et des bombes atomiques , Orwell cerne et défend dans ces onze articles – écrits entre 1936 et 1948 – ce qu’est l’humain, la liberté des peuples et des esprits, pour rappeler, célébrer ce qui fait la valeur et la saveur de la vie.

HWANG Sok-Yong : L’Ombre des Armes : La guerre du Vietnam fait rage, entre ballets d’hélicos et jungles passées au napalm. Au sud du pays, le jeune caporal coréen Yeong-Kyu est muté à Danang, port de tous les trafics. Le voilà chargé de la surveillance du marché noir. Car ici, tout s’échange et se monnaye à coups de dollars : frigo, TV, riz californien, rations de soldats et Coca Cola, comme s’il en pleuvait pour le siècle à venir. AHN Yeong-Kyu croise d’autres âmes égarées : là le lieutenant Stapley, la belle Hae-Jeong, les frères Pham, l’un commandant de l’armée Sud-Vietnamienne, l’autre engagé aux côtés des Viet-Cong. Déchirés entre idéal et pragmatisme, tous tentent de préserver leur part d’humanité. Ce livre dénonce l’ultime arme de guerre d’un conflit dont on pensait tout savoir : l’argent. Fresque saisissante. L’auteur compte parmi les écrivains coréens les plus lus et traduits. Son œuvre et son engagement lui ont valu l’exil et la prison.

Leila SLIMANI : Le pays des autres : En 1944, Mathilde , une jeune alsacienne s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération le couple s’installe au Maroc, à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celle d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat. Tous les personnages de ce roman vivent dans « le pays des autres », les colons comme les indigènes…

Miguel BONNEFOY : Le rêve du Jaguar : Quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d’une  église, elle ne se doute pas du destin hors du commun qui attend l’orphelin. Elevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie débordante, un des plus illustres chirurgiens de son pays. Une compagne d’exception l’inspirera. Ana Maria se distinguera comme la première femme médecin de la région. Ils donneront naissance à une fille qu’ils baptiseront du nom de leur propre nation : Venezuela. Liée par son prénom autant que par ses origines à l’Amérique du Sud, elle n’a d’yeux que pour Paris. Mais on ne quitte jamais vraiment les siens.

Axel KAHN : Pensées en chemin, ma France des Ardennes au Pays Basque : On le savait généticien, médecin, humaniste. On le découvre ici en randonneur de haut niveau, capable d’avaler deux mille kilomètres en parcourant « sa » France, de la frontière belge dans les Ardennes à la frontière espagnole. Le livre qu’il a tiré de ce périple est plusieurs choses à la fois : un carnet de voyage curieux, drôle, rêveur, où nous sont contées les anecdotes d’une traversée haute en couleurs :une sorte de manuel d’histoire, où remontent à notre mémoire quelques-uns des lieux célèbres du passé de la France. Mais c’est aussi une réflexion sur l’état de notre  pays, la désertification de beaucoup de régions, la pauvreté de certaines, les effets ravageurs de la mondialisation. C’est aussi l’occasion de rencontrer à chaque étape des hommes et des femmes qui racontent chacun un bout de la vraie France d’aujourd’hui, celle dont on n’entend jamais parler.

Fabienne JUHEL : La Chaise n° 14 : A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dans une petite ville bretonne, une jeune fille est tondue par son ami d’enfance, pour avoir vécu une histoire d’amour avec un officier allemand.  Devant la communauté villageoise, elle se présente pieds nus, dans une robe de mousseline blanche, sa flamboyante chevelure rousse déployée. Après cette humiliation publique, elle décide de se venger. Six noms sont sur sa liste …..

Clémentine MELOIS : Alors c’est bien ?  : Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré sa vie à souder des figures spectaculaires dans le carphanaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d’étincelles. Alors qu’il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d’enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête et de son enterrement une œuvre d’art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d’une cérémonie digne d’un concert au Stade de France : l’auteure raconte cette période irréelle et l’histoire de ce père hors du commun, dont la voix éclaire le récit. Alors c’est bien offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C’est aussi l’hommage de l’artiste Clémentine Mélois à son père, ce bricoleur de génie, qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création.

Eric CHACOUR : Ce que je sais de toi : C’est l’histoire de Tarik, un jeune médecin qui suit les traces de son père en reprenant le cabinet familial et qui ouvre un dispensaire dans le quartier défavorisé de Moqattam, dans  une Egypte conservatrice et levantine des années 1980. Toutefois l’amour impossible entre Tarek et Ali, un jeune prostitué, issu de ce quartier de Moqattam chamboule le destin bien tracé, le menant à s’exiler vers Montréal. Ce livre traite plusieurs thèmes touchant les relations humaines, et familiales, telles que l’amour, l’homosexualité, la prostitution, la famille, la quête de soi, l’émigration, la liberté, les classes sociales, l’intolérance, l’exil, le destin et autres.

Philippe FOREST : Et personne ne sait : Au milieu du siècle dernier, à New York, un jeune peintre désespère de sa vie et de son talent. Un soir de Noël, tandis que la neige tombe sur la ville, il fait la mystérieuse rencontre d’une enfant, étrangement seule au milieu du parc qui occupe le centre de la cité.  Elle lui chante une étrange chanson  qui dit :, D’où je viens – Personne ne le sait – Où je vais  – Tout s’en va. Le vent se lève – La vague déferle,  – Et personne ne sait – De cette enfant, de cette enfant devenue femme, le peintre va faire le portrait. S’agit-il d’un fantôme ou bien d’un fantasme ? Où passe la frontière qui sépare le rêve de la réalité et la vérité de la fiction ? 


Lucy DIAMOND : Rendez-vous au café du bonheur : Evie Flynn a toujours été le mouton noir de sa famille si parfaite : une rêveuse, vagabonde dans l’âme, contrairement à ses sœurs ainées. Elle s’est d’abord rêvée actrice, puis photographe et chanteuse, mais sans grand succès. Lassée de ses échecs, elle s’est construit une vie raisonnable : entre un travail qu’elle déteste et un fiancé très terre à terre (pour ne pas dire ennuyeux), elle regarde sa vie défiler sous ses yeux. Mais quand sa tante préférée décède dans un accident de voiture, lui léguant un petit café qu’elle tient sur le port de Carrawen Bay, Evie n’hésite pas longtemps avant de tout plaquer pour vivre pleinement cette aventure.

Gabrielle ZALAPI : Antonia : journal 1965 – 1966 : Issue d’une grande dynastie viennoise et anglaise_ au cosmopolitisme vertigineux, Antonia est mariée à un nanti de Palerme. Soumise et contrainte à l’oisiveté, mais lucide, elle rend compte dans son journal de ses journées-lignes et du profond malaise qu’elle éprouve. Suite au décès de sa grand’mère, Antonia reçoit quantité de boîtes contenants lettres, carnets et photographies. En dépouillant ces archives, elle reconstruit  le puzzle du passé familial et de son identité intime, en puisant dans cette quête, deux ans durant,  la force nécessaire pour échapper à sa condition. Roman d’une émancipation féminine dans les années 1960, Antonia est rythmé de photographies tirées des archives familiales de l’auteure.

Gilles PARIS : Le Bal des cendres : Sur l’île de Stromboli, des couples savourent leurs vacances. Ils sont sensibles, lâches, infidèles, égoïstes, enfantins. Elles sont fortes, résilientes, légères, amoureuses. Le réveil du volcan va bouleverser leurs vies. Cet été de tous les dangers sera-t-il le prix à payer pour se libérer enfin. L’action se passe au Strongyle, un hôtel de Stromboli où séjournent plusieurs couples et familles, il y a aussi un enfant de 10 ans, Tom, qui ne sépare jamais de ce mystérieux Gris qu’il est seul à voir avec son frère et sa sœur. Il y a enfin une adolescente Giula, grandie trop vite après la mort de sa mère. Le volcan toujours en activité , va se réveiller, tout comme la conscience éveillée des personnages et leurs secrets. Cet été là est celui de tous les dangers.

Peter MAY : Quarantaine : Qui aurait pu imaginer une chose pareille ? Le domaine centenaire d’Archbishop’ Park en plein cœur de Londres, défoncé au bulldozer pour y bâtir de toute urgence un hôpital Alors qu’une épidémie sans merci a séparé la capitale britannique du reste du monde, alors que le Premier Ministre lui-même vient de mourir, un ouvrier découvre sur le chantier ce qu’il reste du corps d’un enfant. Mac Neil, qui avait pourtant décidé de quitter la police, est envoyé sur les lieux. C’est lui, le policier désabusé, qui va devoir remonter la piste d’une machination abominable, dans une ville en butte aux pillages où les soldats en patrouille font la loi. Pendant que Sean, son fils unique, est contaminé à son tour, n’ayant qu’une chance infime d’en réchapper. Lorsqu’il a écrit ce roman en 2005, Peter May était loin de penser qu’un jour la réalité se rapprocherait autant  de la fiction. Publié quinze ans plus tard en Grande Bretagne, en plein confinement, Quarantaine a fait l’évènement.

Anne SYLVESTRE : Coquelicot et autres mots que j’aime : « Coquelicot. C’est un cri, un appel, c’est un mot de joues rouges et de course folle dans les blés, de mollets piqués par les chardons, de roulades et de cul par-dessus tête dans le fossé. C’est un lit claquant, insolent, cueille-moi si tu l’oses, je me fanerai aussitôt mais regarde : je suis légion. Je pousse et je-re-pousse, et dans cette flaque rouge, tu ne sais plus où poser les yeux. Coquelicots, cavalcades, concours à qui sera  le plus rouge, tes joues ou moi ». Tout en subtilité et profondeur, Anne Sylvestre invoque les mots qui la touchent et l’émeuvent, dévoilant à travers eux la matière même de sa vie. Entre les souvenirs ressurgis et les petits bonheurs du quotidien, entre les coulisses de la scène et les champs de son enfance, ses textes nous plongent avec émotion dans son intimité.

Cécile COULON : La langue des choses cachées :  A la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans village reculé. Sa mère lui a toujours dit : « ne laisse jamais de traces de ton passage « . Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là. Cécile COULON explore dans ce roman des thèmes universels : la force poétique de la nature et la noirceur des hommes. Ses talents de romancière et de poétesse se mêlent dans œuvre littéraire exceptionnelle.

Francisca MELANDRI : Plus haut que la mer : 1979. Paolo et Luisa ne se connaissent pas. A bord du bateau qui les emmène sur l’île où sont détenus leurs proches, chacun ressasse la tragédie dont il a été victime. Le fils de Paola a été condamné pour des actes terroristes. Le mari de Luisa pour avoir tué deux hommes. Le mistral empêche les visiteurs de regagner la côte. Ils passent la nuit sur l’île, surveillée par un agent, Pierfrancesco, avec qui une étrange complicité va naître. Un roman tout en subtilité sur ces infimes moments de grâce qui font basculer les vies.

Thomas PORCHER  –  Raphaël RUFFIER- FOSSOUL : L’économie pour les 99 % : L’économie est-elle au service de ceux qui font tourner la société « les 99 % » ? Ou sert-elle « le 1 % », une infime partie déjà riche ? En partant à la rencontre des salariés d’une raffinerie, d’agriculteurs ou encore de la jeunesse engagée pour le climat, l’auteur nous invite à réfléchir au fonctionnement de l’économie dans notre société et aux dérives du libéralisme. Y a-t-il d’autres modèles possibles ? Est-il utopique de vouloir plus de justice écologique et sociale ? S’appuyant sur les épisodes marquants de l’histoire de l’économie et sur des exemples concrets, il donne des clés pour se réapproprier un débat trop souvent confisqué. Mieux encore, il partage dix principes d’autodéfense économique pour les 99 % d’entre nous. Illustrée par Ludivine Stock et scénarisée par Raphaël Ruffier-Fossoul, cette bande dessinée rend l’économie  concrète et accessible à toutes et à tous.

Sandrine COLLETTE : Ces Orages là : C’est une maison petite et laide. Pourtant en y entrant, Clémence n’a vu que le jardin, sa profusion minuscule, un mouchoir de poche grand comme le monde. Au fond un bassin de pierre, dans lequel nagent quatre poissons  rouges et demi. Quatre et demi parce que le cinquième est à moitié mangé. Boursouflé, abîmé, meurtri : mais guéri. Clémence l’a regardé un long moment. C’est un jardin où même mutilé, on peut vivre. Clémence s’y est installée. Elle a tout abandonné derrière elle en espérant ne pas laisser de traces. Elle voudrait dresser un mur invisible entre elle et celui qu’elle a quitté, celui auquel elle échappe. Mais il est là tout le temps. Thomas et ses orages. Clémence n’est pas partie, elle s’est enfuie.

Sandrine  COLLETTE : On était des loups : Depuis près de vingt ans, Liam a choisi de vivre dans la montagne , à l’écart du monde. Il vit de la chasse, et depuis quelques années, partage son refuge avec Ava, qui lui a donné un enfant. Un jour, en rentrant de la chasse, il retrouve sa femme morte, tuée par un ours. Caché sous son corps couvert de de sang, Aru, son fils de cinq ans est vivant. Au-delà de l’horreur et de sa colère, Liam s’interroge. Comment s’occuper de ce petit garçon qu’il connaît à peine, dans une maison nichée à des heures de marche de la première habitation ? Comment faire grandir un enfant dans cette nature sauvage qu’il a choisie ?


Sandrine COLLETTE : Et toujours les forêts : Corentin, personne n’en voulait. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aîeule,  une vie recommence. A la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête  permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps : les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare. La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface, dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes, il ne reste rien. Guidé par l’espoir de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complèrement.