Cafés littéraires-on en a parlé…
Abdulrazak GURNAH : Près de la mer : « J’ai du temps sur les mains. Je suis entre les mains du temps, alors autant que je m’explique. Tôt ou tard il faut en venir là. » Un soir de novembre 1994, Saleh Omar, 65 ans, débarque à Londres, au faux passeport en poche au nom de Mahmud. Dans son ancienne vie, sur l’île de Zanzibar, il était un commerçant prospère, marié et père de famille. Aujourd’hui, serrant contre lui un petit sac dans lequel se trouve son bien le plus précieux, une boîte en acajou remplie d’encens, il demande asile à un pays qui ne veut pas de lui. Lorsque le fils du vrai Mahmoud apprend que Saleh est en Angleterre, le passé ressurgit brusquement. Confrontés aux clichés que plaquent sur eux les Anglais, les deux hommes se racontent leurs véritables histoires, près d’une autre mer. L’auteur (prix Nobel de Littérature en 2021) nous narre les méandres de l’histoire de Zanzibar et dit la tragique condition de tous les exilés, à jamais écartelés entre deux rives.
Iain LEVISON : Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques : Les dessous du système judiciaire américains : Mille dollars de l’heure. Un tarif qui ne se refuse pas quand on est avocat commis d’office, obligé de passer ses journées, dimanche compris, à plancher sur les dossiers attristants de petits malfaiteurs sans envergure. Puis à négocier des peines avec un procureur plus puissant que soi mais tellement moins compétent. Alors Justin Sykes lassé par ce quotidien déprimant, accepte pour ce tarif de se mettre un soir par semaine au service des filles d’un gentlemen’s club et de passer la nuit dans le motel d’en face. Sans trop chercher à comprendre. Parce que, c’est bien connu, les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques ! Sykes finira par découvrir le pourquoi de cette offre.
Sandrine COLLETTE : Madelaine avant l’aube : C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose. Ici l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours. Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour bruler le monde. L’auteure questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux. S. Collette a été sélectionnée dans le dernier carré par les jurés du prix Goncourt 2024.
Jean HEGLAND : Dans la Forêt : fable survivaliste et roman d’apprentissage puissant : Nelle et Eva, 17 et 18 ans vivent depuis toujours dans leur maison familiale au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours présentes, leurs passions de la danse et de la lecture. Mais, face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure , remplie d’inépuisables richesses.
Marie-Hélène LAFON : L’Annonce : Paul a 46 ans, à Fridières, Cantal. Cinquante trois hectares, en pays perdu, au bout de rien. Il n’a pas tout à fait choisi d’être là, mais sa vie s’est faite comme ça. Paul n’a qu’une rage, il ne veut pas finir seul, sans femme. Annette a trente-sept ans. Elle est la mère d’Eric, onze ans. Elle n’a jamais eu de vrai métier. Elle vient du Nord, de Bailleul. Annette a aimé le père d’Eric mais ça n’a servi à rien, ni à le sauver du vertige de l’alcool, ni à faire la vie meilleure. Alors elle décide d’échapper, de recommencer ailleurs, loin. D’où l’annonce. Paul l’a passée. Annette y a répondu. Sauf qu’il y a les autres. Le fils silencieux, et la mère d’Annette. Et les autres de Paul, ceux qui vivent avec lui à Fridières. Les oncles propriétaires des terres Et la sœur Nicole, dix-huit mois de moins que Paul, qui n’a pas de mari, pas d’enfant.
Marion LEJEUNE : L’escale : Grigori est marin sur un voilier de commerce norvégien, le Gren. Endetté et menacé de mort par un compagnon de voyage, il profite d’une escale sur l’Archipel, un territoire isolé de l’Atlantique nord, pour se réfugier à terre. Il découvre alors la vie des habitants, parmi lesquels Alda qui rêve de partir ainsi que Jon et Halle, des instituteurs qui semblent cacher un secret. Premier roman, édité par Le Bruit du Monde, l’auteure sera présente au prochain salon du livre organisé par Sous Les couvertures les 1er et 2 février prochain, au lycée Julie Victoire Daubier à Argenteuil et participera à un débat le dimanche à 14 heures.
Jérome GARCIN : Le Syndrome de Garcin : « Je suis un radiologue fantaisiste, un échographe controuvé, un voyageur sans bagage qui toque à la porte des bureaux poussiéreux, au fond desquels mes aïeux sourcilleux s’étonnent que je veuille mieux les connaître et me parlent dans un français de laborantin, un sabir organique, un babélisme médicamenteux que je ne saisis pas toujours. Mais si je ne témoigne pas de cette tribu clinique, dont seuls d’obscurs traités et des manuels déshumanisés gardent la trace, qui d’autre le fera ? L’enfance de Jérome Garcin a été marquée par deux grands-pères éminents, le neurologue Raymond Garcin et le pédopsychiatre Clément Launay, qui avaient en commun d’être des humanistes toujours à l’écoute du patient. Ils étaient issus de longues dynasties médicales. Après eux cette chaîne s’est interrompue. Pourquoi ? C’est à cette question que tente de répondre ce livre, croisant l’histoire intime d’une famille et les mutations récentes d’une discipline. L’auteur sera au Presse-Papier le mercredi décembre.
Rémy OUDGHIRI : L’échappée Belle – l’Art de s’évader un peu chaque jour : L’imprévu a déserté nos vies, a été banni de nos sociétés, toujours plus avides de planification. Nous laissons se perdre l’essentiel : la poésie insoupçonnée du quotidien, le goût des rencontres, les découvertes du hasard. Il est encore temps de changer notre regard et de pratiquer un art subtil de la fugue. Il faudrait pour cela transformer ce que nous voyons comme des contrariétés – retards, annulations, pannes – en occasions de bifurquer. Et profiter de ces lieux d’évasion faciles que sont les bancs publics, les premiers étages des cafés, les halls d’aéroport, les restaurants vides, les escaliers d’immeubles …..
Lucas BELVAUX : Les Tourmentés : Dix ans que les deux hommes s’étaient perdus de vue et puis, d’un coup, ils se retrouvaient au détour d’une rue, face à face. Le hasard paraît-il fait bien les choses. S’il s’agissait de lui, il aurait mieux fait ce jour-là de se mêler de ce qui le regardait, mais il n’y était pour rien. Skender le comprendrait bientôt, ce n’est pas le hasard qui a mis Max et Madame sur son chemin. Il comprendrait bientôt.
Frank BOUYSSE : Plateau : Plateau est un livre rural où l’écriture, imagée et forte à souhait car fiévreuse, infernale, torturée fait tout. Plateau des Millevaches. Judith et Virgile tiennent une petite ferme dans un hameau. Le couple a élevé Georges, un neveu dont les parents sont morts dans un accident de la route quand il avait 5 ans. Il vit dans une caravane tout près de son oncle et de sa tante. Lorsqu’une jeune femme vient s’installer chez lui, lorsque Karl, ancien boxeur tiraillé entre pulsion sexuelles et croyance en Dieu, emménage dans une maison du même village et lorsqu’un mystérieux chasseur sans visage rôde alentour, les masques s’effritent et des coups de feu résonnent sur le plateau.
Gouzel IAKHINE : Zouleikha ouvre les yeux : Nous sommes au Tatarstan, au cœur de la Russie, dans les années 30. A 15 ans Zouleikha a été mariée à un homme bien plus âgé qu’elle. Ils ont eu quatre filles mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n’est bonne qu’à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari se fait assassiner et sa famille est expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie qu’elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin elle découvre qu’elle est enceinte. Avec ses compagnons d’exil, paysans, intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à l’établissement d’une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c’est là qu’elle donnera naissance à son fils et trouvera l’amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmanes l’empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.
et le prochain JEUDI 5 DÉCEMBRE
au café des Deux Gares