Rencontres littéraires mars 2018

Mircea CARTARESCU : Pourquoi nous aimons les femmes : Recueil de vingt nouvelles à la gloire de l’Éternel Féminin. Décrite à travers un homme de passage, d’un amant, d’un mari… L’auteur nous présente sa vision de la femme : mystérieuse, incompréhensible, douce, belle. Il raconte aussi l’entêtement des hommes qui, du berceau à l’âge mûr, composent, nouent et dénouent une relation avec elle. Dès le début, l’auteur prend ses lectrices à partie et instaure une intimité tout au long du recueil et nous dresse un étonnant paysage, une mise en images des sentiments complexes qu’elles suscitent. M. CARTARESCU est un auteur très connu dans son pays en Roumanie.

Emma CRAIGIES : Dans les yeux d’Helga : Helga est la fille aînée de Joseph Goebbels. Elle raconte ses souvenirs, tonton Hitler qui se fait photographier avec elle sur les genoux, la montée du nazisme, les efforts de guerre et ce jour très particulier où sa famille a décidé de s’installer aux côtés d’ « Oncle Führer » dans un bunker. À la veille de la chute du Reich et de l’arrivée des Russes à Berlin, Helga fait le point sur son existence et raconte l’indicible , les derniers instants du 3e Reich, avec ses mots d’enfant et la perception qu’une fillette de 12 ans en avait, avec ses mots. Comme tous ses frères et sœurs, Helga a été assassinée dans le bunker avant la prise de Berlin par les Alliés.

Jan WONG : PÉKIN Confidentiel : Issue d’une famille venue de Chine à la fin du 19ème siècle, Jan Wong est une journaliste reconnue au Canada au quotidien « Globe and Mail ». Elle a été une des premières – à 17 ans, alors qu’elle était une maoïste fervente – à obtenir une bourse accordée par le gouvernement chinois à la fin de la Révolution Culturelle pour venir étudier dans une université de Pékin. Pendant cette période, endoctrinée, elle va dénoncer une camarade qu’elle connaissait à peine et qui était « coupable » de vouloir aller aux États-Unis. Elle a été correspondante de son journal à Pékin entre 1988 et 1994. En 2006, elle revient à Pékin, avec sa famille, pour y retrouver Yin qu’elle avait dénoncée. Elle y retrouve une ville méconnaissable, chantiers immenses en vue des J.O. de 2008. Elle nous raconte l’évolution de ce pays, la vie quotidienne de ses habitants, avec ses bons et mauvais côtés. Et le jugement qu’elle porte sur son adolescence. Portrait extraordinaire d’un pays en pleine mutation.

Thomas SAINTOURENS : Les Poilus de Harlem. L’épopée des Hellsfighters dans la Grande Guerre : En janvier 1918, débarquait à Brest un régiment d’Infanterie de la Garde Nationale américaine, créé par William HAYWARD, avocat blanc et colonel de la Garde Nationale du Nebraska, avec l’aide de l’élite noire de Harlem. Ce régiment était composé uniquement de noirs avec quelques blancs pour l’encadrement. Ils vont se trouver face à l’hostilité du général Pershing et de l’état- major américain, encore très marqués par le racisme ambiant. Ils vont combattre sous le commandement français, évitant ainsi à l’armée US le mélange des couleurs. Ils vont multiplier les faits d’armes dans les tranchées de la Marne et leur combativité , leur courage les font apprécier de l’armée française qui va accorder à ce régiment la plus haute décoration : la Croix de Guerre. Sur les deux mille soldats, seuls 700 en reviendront. Malheureusement, ils ne recevront pas à leur retour aux USA la reconnaissance escomptée. En plus de leur aide, ils vont amener en France le jazz grâce à l’orchestre formé des meilleurs musiciens de Harlem. Ils étaient surnommés « Hellsfighters » par les allemands.

Chahdortt DJAVANN : Les putes voilées n’iront jamais au Paradis : Ce roman fait alterner le destin parallèle de deux amies séparées à l’âge de 12 ans et les témoignages d’outre-tombe de prostituées iraniennes ,assassinées, pendues, lapidées, qui nous bouleversent par leur histoire. Voyage au bout de l’enfer, roman cru, choquant, de la misère qui les pousse à la prostitution, des dangers qu’elles courent : en Iran la prostitution est interdite et est passible de la peine de mort par pendaison ou lapidation. Exploitées par des hommes qui méprisent le corps féminin , assassinées par des hommes qui ne seront pas toujours condamnés car le sang des prostituée est « sans valeur ». C’est aussi une critique de la condition féminine en Iran où une femme n’a pas les mêmes droits qu’un homme.

Prochain café littéraire le 5 avril aux Dahlias. En attendant, bonnes lectures !
Michelle