Rencontres littéraires juin 2018

Bonjour

Voici les livres dont nous avons parlé en juin dernier.

James NOËL : Belle merveille : James Noël est un auteur haïtien. Dans ce roman il revient sur le tremblement de terre de janvier 2010 en Haïti. Bernard, un survivant rencontre et tombe amoureux d’ Amora, une napolitaine, bénévole d’une ONG. Histoire d’amour mais aussi pamphlet et charge contre les ONG qui arrivent après les catastrophes et tirent la couverture à eux.

Patrice PECHEROT : Hével : En 2018, un ancien routier se confie à un journaliste sur un meurtre oublié depuis soixante ans. À cette époque Gus et André sillonnent le Jura à la recherche de marchandises à transporter. La guerre d’Algérie semble bien loin. Pourtant le meurtre d’un chibani dans une cité dortoir perdue en Franche-Comté provoque la venue de la Police Nationale. Son omniprésence exacerbe les haines inter communautaires et les rancœurs. L’auteur reconstitue la France de cette époque, son langage, l’ORTF et l’OAS.

Certains lecteurs ont été gênés par le fait que l’auteur s’adresse directement à eux.

Mohamed KACIMI : L’Orient après l’Amour : « L’intégrisme commence quand l’homme perd son sens de l’humour ».

Récit autobiographique, l’auteur part de sa propre histoire, sa jeunesse à El Hamel en Algérie, rythmée par la psalmodie du Coran dans les années 1960 et de ses périples en Orient. Il retourne tous les clichés que l’occident peut avoir sur le monde musulman. Il nous donne une autre lecture du monde arabo-musulman, pleinement inscrit dans la complexité méditerranéenne. Récit personnel souvent écrit avec humour.

Darina EL JOUNDI et Mohamed KACIMI : Le jour où Nina Simone a cessé de chanter : Sous la plume de Mohamed KACIMI, Darina EL JOUNDI, comédienne de cinéma et de théâtre, syro-libanaise née à Beyrouth en 1960, nous parle de son père, journaliste, pour qui la Liberté n’était pas négociable et qui lui a donné une éducation libertaire. Après la mort de son père, elle a subi la violence et la haine de la guerre civile, là où tout devient possible et où la société va se venger durement de cette jeunesse insoumise. Son témoignage est bouleversant.

Colin COTTERILL : Le déjeuner du Coroner : Laos 1976 : les communistes du Pathet Lao s’emparent du pouvoir et les élites fuient le pays. Siri Paiboun, médecin de 72 ans, décide de rester. Il est nommé Coroner, sans jamais avoir pratiqué une autopsie. Quand la femme d’un ponte du parti meurt en plein banquet et que les cadavres de trois soldats vietnamiens sont retrouvés dans un lac laotien, tous les regards se tournent vers lui. On apprend beaucoup de chose sur le Laos provincial et sur sa culture, ses croyances locales et, contrairement à de nombreux polars, la politique est très présente dans ce roman.

Natalia GINZBURG : Les Mots de la Tribu : Roman autobiographique, l’auteure, née en 1916, raconte sa ville Turin et sa famille. Son père est juif, exubérant, sa mère protestante est plaintive. Elle est la dernière d’une fratrie de cinq enfants. Tous sont antifascistes. Dans cette famille chacun a ses idées et sa façon de les exprimer avec son propre vocabulaire. Elle nous dépeint sa ville, sa vie culturelle riche et le milieu antifasciste. Sa famille sera inquiétée et subira plusieurs relégations en province. Elle-même épousera un réfugié russe qui sera assassiné dans une prison de Rome en 1942. Récit vivant, nostalgique, rarement triste.

Natalia GINZBURG : Les Petites Vertus : Onze textes, entre autobiographie et essai, écrits entre 1943 et 1962. Souvenir d’un confinement dans un petit village du sud de l’Italie, portrait de Cesare Pavese, description de chaussures trouées, de l’Angleterre ; essai sur son métier d’écrivain, sur les relations humaines, sur l’argent… Son regard est d’une innocence privée de toute naïveté. Portrait d’une époque lointaine, qui resurgit grâce à sa voix.

Gabriel TALLENT : My Absolute Darling : Dans le nord de la Californie, Julia, surnommée Turtle, vit seul avec son père. Martin est un père écologiste, survivaliste et incestueux, qui a fait de sa fille son amour exclusif et absolu. Leur univers est étroit et menaçant. Au lycée, sa seule vie sociale, Turtle rencontre Jacob. Poussée par cette amitié, la jeune fille décide d’échapper à son père et de gagner son indépendance.

Attention, ce roman comporte des scènes qui peuvent être dérangeantes et éprouvantes.

David HENNEBELLE : Mourir n’est pas de mise : L’auteur est un musicologue reconnu, universitaire. Il reconstitue dans un style sobre les trois dernières années de la vie de Jacques Brel. Il raconte le dernier disque enregistré par le chanteur, à un moment où celui-ci a décidé d’abandonner tout traitement médical. Réflexion sur la maladie, comment y faire face. Ce livre sortira en librairie fin août 2018.

Jean Christophe RUFFIN : Le Suspendu de Conakry : Aurel Timescu , avec son accent roumain , son allure des années trente, est consul de France à Conakry (Guinée), lui qui ne supporte pas la chaleur ! Quand tout à coup survient la seule chose qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué … Un plaisancier blanc suspendu au mat de son bateau dans la marina. Témoignage sur la vie de ces fonctionnaires du Quai d’Orsay aux quatre coins du monde, sur la vie des ambassades et des consulats.

Lynda LA PLANTE : Le Dahlia Rouge : Le corps d’une jeune fille est découvert près de la route, découpé en deux et vide de son sang. Anna Travis et ses collègues de la Brigade Criminelle sont désespérés : pas d’indice, pas de trace, rien… L’arrivée d’une profileuse américaine n’arrange pas l’ambiance de la brigade. Jusqu’à ce qu’un appel téléphonique anonyme relance l’enquête. Ce qui a plu, c’est que l’auteure montre les policiers comme des gens normaux, avec leurs qualités et leurs défauts et la difficulté de bien séparer vie professionnelle et vie privée.

Michel BUSSY : Gravé sur le Sable : Lors du débarquement en Normandie en 1944, une section doit escalader une falaise. Les soldats tirent au sort leur ordre de passage, sachant que les premiers ont le plus de probabilités de se faire tuer. Un soldat, qui a toujours eu de la chance au jeu échange son numéro, qui lui aurait permis d’avoir la vie sauve, contre celui d’un soldat plus riche moyennant une grosse somme d’argent. Le soldat est tué et quelques années plus tard sa femme enquête : où est l’argent promis, a-t-il été versé et si oui à qui ?

Yvan KOVACK : Vengez-moi : Jean Christophe C., après avoir perdu sa femme et son fils dans un accident de voiture et sans pouvoir demander justice (le chauffard est mort dans l’accident) se retrouve en prison pour des violences sur une jeune femme. Il nie les faits mais tout l’accuse. Petit à petit on entre dans son esprit, on suit le cheminement de ses pensées, les questions qu’il se pose. Quel rôle a joué Marie dans tout ça ?

Emma REYES (1919 – 2003) : Lettres de mon enfance : Cette artiste colombienne, proche de Diego Rivera et de Frida Kahlo et qui a sillonné l’Amérique latine s’est installée en France. Dans ces 23 lettres adressées à un ami entre 1969 et 1997, elle raconte son enfance : enfant illégitime, maltraitée, abandonnée très jeune avec sa sœur, elle passe ses premières années en errance jusqu’à ce qu’elles soient placées dans un couvent. Elle le quittera à 19 ans, sans savoir ni lire, ni écrire. C’est le récit d’une vie avec le regard d’une petite fille à l’imagination fantastique. C’est écrit avec humour, sans misérabilisme. Témoignage sur la Colombie des années 20.

Olivia ELKAIM : Je suis Jeanne Hebuterne : J. Hebuterne est étudiante en art à Montparnasse. Elle a servi de modèle à Foujita. Elle rencontre Amadeo Modigliani en 1917, il a quinze de plus qu’elle. En rupture avec sa famille, son milieu, elle va vivre une vie tumultueuse, passionnée avec lui jusqu’à la mort de Modigliani en 1920. Jeanne Hebuterne ne lui survivra que quelques jours. Peinture d’un amour fou, d’une femme passionnée et du milieu artistique de Montparnasse.

Gabrielle SCHAFF : Passé inaperçu : Fahd, en repérage en Lorraine pour un film consacré aux Chibanis, les retraités maghrébins venus travailler en France dans les années 60, disparaît brutalement. Tout en préparant le tournage, la narratrice le recherche. Cette enquête va la renvoyer à l’histoire de ses grands- parents qui ont été des « Malgré-Nous » pendant l’occupation de la Lorraine par les allemands. Destins parallèles où des êtres ont été doublement perdants.

Sylvain PATTIEU : Les Impatientes : Dans un lycée de banlieue, autour de Paris, lycée « difficile » selon la presse. Coincé entre une route à quatre voies, un commissariat et le terrain de foot, tous les jours ils sont des centaines à converger vers son portail : des belles maquillées, des bouffons, des gamins boutonneux…C’est l’histoire d’Alima Nadine Sissoko et de Binta Masinka, la bonne élève et la grande gueule. L’une rêve d’intégrer Sciences Po, l’autre est abonnée aux sanctions, chacune a de l’énergie à revendre. Les impatientes ce sont elles et lorsque elles sont exclues, après avoir agressé un professeur, elles font connaissance et se retrouvent confrontées au monde du travail. L’auteur s’appuie sur une réalité sociale pour raconter leur histoire. Roman qui donne la parole à chacun des personnages, à Alima-Nadine, à Bintou mais aussi aux personnages secondaires (professeurs, vigiles…).

À bientôt

Le 4 octobre aux « Dahlias » et le 18 « Au bout du bar »

Michelle