Quelques bonnes lectures de Dominique M.

Constance Joly, Over the Rainbow, Flammarion

que m’avait conseillé Catherine du Press-Papier, Constance Joly qui est venue par ailleurs la semaine passée toujours dans cette belle librairie d’Argenteuil qui a repris au galop sa série de dédicaces.

C’est effectivement un bel et délicat arc-en-ciel d’écriture. Vous savez l’arc-en-ciel d’après un gros orage.

C’est l’histoire d’un orage familial particulier. Sur la sexualité et l’homosexualité. Sur les silences. Sur le parcours des mères et pères, et l’enfant qui grandit face à tout cela. Dans des temps de rupture très particuliers des années 1990. Un très beau témoignage sur une page sombre de l’histoire de l’humanité, d’une maladie qui touche encore bien des familles sur la terre entière.

Le consentement, de Vanessa Springora, Grasset, en poche au Livre de Poche

Que m’a conseillé Joëlle de notre association Sous les couvertures

Chacun connaît le sujet de ce récit qui a fait couler beaucoup d’encre à l’automne dernier  : pour résumer, l’affaire Mazneff, cet écrivain mode d’une époque, même si ce qui nous intéresse concerne l’auteur qui était alors une jeune adolescente. Je n’avais pas trop envie de le lire, mais Joëlle m’a convaincu de la faire, et je ne le regrette vraiment pas. Une liaison entre un quinquagénaire et une prime adolescente qui n’a pas encore 14 ans lorsqu’elle commence. Un drôle de type. Une époque certes mais un milieu bien complice.

Aucun voyeurisme dans un récit mené avec une sincérité émouvante par l’adolescente d’alors. Un livre de réflexion au-delà de la question du consentement lorsqu’il s’agit d’une adolescente qui n’a que bien peu de points de repère pour choisir. C’est bien en l’occurrence le fond du problème, celui de la conscience, et de la responsabilité prise par la partie qui, elle, est censée maîtriser les éléments d’une situation.

Un livre très riche, qui ne brutalise pas même si la description de l’écrivain mode est à vomir, mais riche d’une réflexion bienfaisante.

Hors de l’abri, David Lodge, Rivages

Qu’Agnès m’a conseillé comme un des meilleurs de David Lodge

C’est d’une toute autre initiation que David Lodge nous parle. Celle d’un enfant de milieux populaires d’une grande ville de l’Angleterre subissant le Blitzkrieg des bombardiers allemands des débuts de la 2ème Guerre Mondiale, puis grandissant dans l’après-guerre dans une atmosphère pesante à la maison. D’autant plus que sa sœur aîné a filé en Allemagne, et travaille dans les milieux protégés de l’occupation américaine à l’Ouest. Mais l’adolescent va connaître et saisir une chance inouïe, celle d’une invitation de sa sœur de la rejoindre pour plusieurs semaines dans une ville universitaire épargnée par les bombardements de la guerre, Heidelberg. Des semaines de découvertes en tous genres, d’émois multiples, dans des conditions de rêve pour ce jeune qui n’est jamais sorti de sa ville à part les éternelles vacances rituelles au bord de la froide mer du Nord.

Un très beau roman initiatique qui rappellera sans doute à chacun un beau moment de sa vie quand l’adolescence et la découverte se marient bien. Un très beau titre français « hors de l’abri », l’abri de la cellule familiale, que l’on quitte, et adieu, à nous de construire notre vie, en quittant la vie d’enfance.

Donc, avec « le consentement » et « hors de l’abri » deux livres sur l’adolescence, mais le premier sur une pente sombre quand le second crée un halo radieux.